Cet article présente le point de vue de l’auteur et ne représente pas forcément celui d’EcoGeste.ch.

Dr Philippe Roch, ex-secrétaire d’Etat à l’Environnement

Quelles que soient nos convictions sur le plan spirituel, il ne fait aucun doute que l’être humain est matériellement une espèce étroitement apparentée à toutes les autres. Nous sommes constitués des mêmes atomes et des mêmes acides nucléiques que les microbes, les plantes et les animaux. Nous n’avons pas été déposés au-dessus du monde : nous avons évolué ensemble, avec toutes les autres espèces, avec lesquelles nous sommes donc reliés de la manière la plus intime. Qu’une seule des ces espèces vienne à disparaître et le système s’appauvrit, se fragilise. C’est pourquoi le lynx n’extermine jamais les chevreuils ou les chamois dont il dépend, et que les fourmis restituent à la nature les milliards de tonnes de végétaux, d’animaux et de minéraux qu’elles consomment et déplacent, afin que leur écosystème puisse à nouveau produire ce dont elles auront besoin. Même si notre conscience d’appartenir pleinement à la grande famille du vivant s’émousse dans nos villes, nos voitures et nos bureaux, nous courons comme des chevaux, nous respirons comme des merles, nous mangeons comme des ours, nous digérons comme des vers de terre, et nous mourons comme tout ce qui vit. La destruction des forêts, l’assèchement des marais, le bétonnage des sols affaiblit notre système d’existence collective et nous conduit à l’effondrement, qui commence déjà par une lutte fratricide pour les ressources et la misère de masses toujours plus nombreuses et finira dans le chaos général. Pour ne pas en arriver là, il est temps de considérer les plantes et les animaux comme nos frères et sœurs, de les respecter avec reconnaissance pour tout ce qu’ils nous offrent, et de renouer notre alliance avec la terre.

L’Illustré 1/10