Cet article présente le point de vue de l’auteur et ne représente pas forcément celui d’EcoGeste.ch.

Dr Philippe Roch, ex-secrétaire d’Etat à l’Environnement

La nature s’endort pour l’hiver. Elle se pare des plus belles couleurs, et nous offre généreusement ses derniers fruits. Cette magnificence de l’automne ne serait-elle pas là juste pour nous dire : ne m’oublie pas. N’oublie pas que si je ne me réveillais pas au printemps, tu aurais vite fait d’épuiser tes réserves. Je ne pourrai plus régénérer ton air, produire ta nourriture, transformer tes déchets en nouvelles vies, ou te faire de l’ombre aux jours les plus torrides.

« Les changements climatiques ne seraient pas si graves si l’on protégeait la nature »

Ne m’oublie pas quand tu iras à Copenhague, au début décembre, pour parler climat. Car c’est encore moi qui te protège le mieux contre les excès de chaleur, d’eau ou de sécheresse, et contre les tempêtes. Mes forêts, mes prairies et mes zones humides captent le CO2 dans le bois et le sol, protègent le sol contre l’érosion, absorbent en douceur les pluies torrentielles. La diversité des espèces me permet de m’adapter aux changements climatiques, pour autant que tu me laisses assez de place. Les changements climatiques ne seraient pas si graves si l’on protégeait la nature. C ‘est lorsqu’on l’affaiblit ou qu’elle disparaît que les pluies, les ouragans ou les sécheresses affectent les humains. Ce n’est pas par hasard que les deux grandes conventions de l’ONU sur le climat et sur la biodiversité ont été signées ensemble en 1992 à Rio : elles sont complémentaires et dépendantes l’une de l’autre. Pourquoi alors si peu de politiciens prennent-ils au sérieux la protection de la nature, qui pourtant est la source et le support de toute vie, et notre meilleur moyen de limiter les dégâts dus aux changements climatiques ?

L’Illustré 45/09