Les apports d’azote atmosphérique engendrent une surfertilisation de nombreux écosystèmes: forêts, prairies naturelles et pelouses sèches riches en espèces, pâturages alpestres, hauts- et bas-marais. Beaucoup d’espèces adaptées aux milieux pauvres en matières nutritives se retrouvent ainsi sur la liste rouge. La pollution par l’azote acidifie aussi les lacs alpins et les sols des forêts.
Les lichens n’ont pas de racines. À part un peu d’écorce désagrégée et dissoute dans l’eau de pluie, les variétés établies sur les troncs d’arbres se nourrissent d’éléments présents dans l’air: poussière, azote atmosphérique et composés azotés. Un régime maigre en temps normal. Mais dans la seconde moitié du XXe siècle, la situation a radicalement changé. Aujourd’hui, l’air véhicule de grandes quantités de composés azotés provenant en majeure partie de l’agriculture et des processus de combustion.
En Suisse, ce sont 44’000 tonnes d’azote issues de l’ammoniac qui sont émises dans l’air chaque année, et les 32’000 tonnes dégagées par les oxydes d’azote viennent s’y ajouter. En cinquante ans, ces chiffres ont doublé. Tôt ou tard, cet azote se dépose sur le sol: pour l’ensemble du Plateau, par exemple, il représente en l’espace de cinq